Peut-on encore parler de l’intégrité de Kaïs Saïed ?

0
1176
Kaïs Saïed

Kais Saied a été élu président de la république avec plus de 72% des suffrages, sans programme électoral au sens strict du terme, sans ressources financières, sans lobbies, et sans parti politique derrière lui.

nombril? Elle tient en un mot : intégrité.

Le 25 juillet 2021, cette véritable marque est de retour à la surface. La corruption dont souffre le pays depuis des décennies, notamment à l’époque d’Ennahda, fait que les Tunisiens ont besoin d’une personne honnête pour les diriger. Il y a une conviction profonde que c’est le seul avantage qu’un dirigeant peut sauver le pays.

Six mois après le coup d’État, on constate que l’intégrité seule ne peut pas sauver un pays, et que l’intégrité du président est ouvertement remise en cause.

« Que personne ne me parle de l’intégrité du président ! C’est ce qu’affirme Haitham Makki dans sa chronique quotidienne de l’émission Medi Show sur Mosaïque FM.

Pour qu’un chroniqueur se permette un avis aussi catégorique sur les ondes des radios les plus écoutées du pays, le président a dû doubler la mise.

Pour qu’une personne soit qualifiée d’honnête, il faut qu’elle soit au-dessus de tout soupçon. Et si, par hasard, la justice lui demande des comptes, qu’elle se manifeste et blanchisse son nom.

Plus précisément, Kais Saied a été identifié dans le rapport du Bureau d’audit concernant sa campagne électorale. Il a bénéficié de l’apport de plusieurs pages Facebook dirigées de Tunisie et de l’étranger, ce qui viole la loi électorale. La justice s’est récemment saisie de cette affaire et a ouvert une enquête. Plusieurs candidats ont été convoqués pour un interrogatoire à ce sujet, mais le parquet a refusé de convoquer Qais Saeed pour des raisons liées à l’immunité présidentielle. Malgré la polémique qui a accompagné cette histoire, le président de la République a continué comme si de rien n’était. Cependant, il aurait pu accepter de suspendre son immunité pour clore le dossier. A moins qu’il ne soit vraiment coupable…

 

La question de l’intégrité n’est pas seulement une question d’argent, mais aussi de conduite, de crédibilité et de morale…

Il s’est avéré que Kais Saied avait perdu toute crédibilité aux yeux d’une large partie du peuple tunisien, et même de partenaires étrangers.

Tout d’abord, il y a la question du parjure. Il a juré, maintes fois, de respecter la Constitution à la lettre, mais depuis le 25 juillet et surtout le 22 septembre, il l’a violée avec son décret expressément au-dessus de la Constitution. Il promit, au lendemain de son coup d’État, de tout remettre en l’état en trente jours. La promesse n’a pas été tenue.

Ses sermons sont remplis de mensonges, d’intrigues et de contradictions. La plateforme tunisienne d’enquête (vérifier les informations), Falso.tn, a développé une micro-étude basée sur les lettres de Kais Saied depuis le 25 juillet et a dénombré au moins 114 mensonges en six mois, dont 35,8% de fausses informations.

Depuis qu’il a monopolisé tous les pouvoirs, Qais Saeed n’est plus seulement responsable de ses paroles et de ses actes, mais il est également responsable de toutes les lacunes du gouvernement et de l’appareil d’État.

Les Tunisiens ont été surpris ce mardi matin 1er février 2022 par deux décisions. La hausse du prix des carburants, entrée en vigueur la veille à 22 heures (coïncidant exactement avec le couvre-feu) et l’application de la nouvelle taxe de 0,1 dinars par ticket de supermarché.

Le gouvernement n’a pris aucun contact préalable au mépris total des Tunisiens. De même en ce qui concerne les retards enregistrés dans le paiement des salaires des fonctionnaires de plusieurs départements ou l’absence totale de paiement des salaires de certains, comme c’est le cas pour les membres de la Commission nationale anti-corruption.

Le mépris des Tunisiens est dû au manque d’intégrité de l’autorité, et la responsabilité incombe à Kais Saied lui-même.

Sur les réseaux sociaux, après ces retards et augmentations de salaire sans préavis, les Tunisiens ont choisi de se moquer du président de la République sans le nommer.

Et donc, cette blague qui a retenti ce matin, se présente sous deux formes différentes. L’un raconte l’histoire de “Les membres de la famille, un restaurateur, à la recherche d’un nouveau gérant, différent de ceux qu’ils ont eu ces dix dernières années, sont tous des voleurs et des escrocs. Leur seul critère de choix est qu’il soit une personne intègre, sans avoir d’expérience en restauration ou en gestion.

La famille en a finalement trouvé un, mais s’est vite rendu compte que le nouveau directeur ne faisait pas la différence entre les centimes et les dinars.