Kamel Fekih vs Souad Abderrahim : la guerre pour le trône de Tunis

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Kamel Fekih vs Souad Abderrahim

Kamel Fekih vs Souad Abderrahim 

Annonce des mesures exceptionnelles dont la première bougie sera bientôt sonnée. Depuis cette date, les décisions du président de la République, Kais Saied, ont touché le cœur de l’exécutif. Après s’être débarrassé du chef du gouvernement, Hisham Al-Mashishi et de son équipe, le chef de l’Etat s’est tourné vers le conseil des gouverneurs. Il en expulsa rapidement nombre d’entre eux, comme la Tunisie. Ainsi, Kamel al-Faqih al-Shazly a succédé à Bualiq le 30 décembre 2021.

Le nouveau souverain s’est bien sûr retrouvé sous les projecteurs et pour des raisons plus surprenantes que les autres. Tout d’abord, les Tunisiens ont été surpris par le style vestimentaire et physique du Wali. Activiste de gauche à grosse moustache. L’association avec Joseph Staline a été directement confirmée. Il y avait aussi son discours. Kamel al-Faqih avait interdit l’organisation de manifestations de l’opposition, mais il s’est néanmoins rendu dans cette organisation pour soutenir le président de la République. Certains ont également pointé la possibilité d’un clash avec celle qui a réussi, en 2018, à être la première femme à la tête de la municipalité de Tunis : la figure du mouvement Ennahda, Souad Abdel Rahim.

Souad Abderrahim a été élue en octobre 2011, dans la circonscription de Tunis 2, en tant que membre de l’Assemblée nationale constituante, en tant que membre du mouvement Ennahda. Elle a occupé le poste de présidente de la Commission des droits et libertés de la personne. En 2017, Souad Abdel Rahim a rejoint le Bureau politique du Parti islamique. Elle s’est toujours présentée comme indépendante. Cependant, sa carrière politique, ses carrières et ses liens étroits avec le mouvement Ennahda ne serviraient qu’à le nier. Seule figure du parti encore en fonction, Souad Abd al-Rahim est souvent considérée comme le dernier bastion d’Ennahda au sein de l’Etat. Le clash entre les deux semblait inévitable !

Kamel Staline contre Soad Truman ! La puissance de la révolution du 25 juillet contre la monarchie pro-Gnoushian ! Monsieur Tunisie contre Madame Tunisie ! Qui sera le dirigeant légitime de la Tunisie ? Pendant plusieurs mois, Abdel Rahim et Fakih ne se feront pas face. Il n’y aura pas de clash ou même une petite querelle. Cependant, il s’agit clairement d’un calme avant la tempête.

Le début des hostilités a été marqué par l’affaire Al-Menzah Huts 9 de la rue Abdul Aziz Al-Thalabi. Il s’avère que la municipalité prévoyait de louer leurs cabanes et de les utiliser comme source de revenus. Elle s’est toutefois refusée à divulguer l’identité des locataires ou les types de commerces envisagés. Les habitants du quartier ont multiplié les pétitions et demandes, mais en vain : silence complet de la part de la municipalité. L’affaire a duré environ deux mois et a finalement nécessité l’intervention du Wali de Tunisie. Kamel Al-Faqih a décidé de suspendre les travaux sur les huttes, et a même ordonné à la municipalité de remettre le terrain dans son état d’origine. Ce fut la première confrontation directe entre les deux institutions. La maire de Tunis, Souad Abderrahim, n’a pas réagi à ces petites choses. La première victoire de Kamel Fakih !

 

Cherchant certainement à ridiculiser à nouveau Souad Abdel Rahim, Kamal Fakih s’est empressé d’enfoncer le couteau dans la plaie avec sa décision d’annuler une nouvelle fois l’une des décisions de la municipalité de Tunis. Cette fois l’affaire concerne un dispensaire situé dans la délégation de Sidi El Bashir. Le maire de Tunis a décidé de démolir cette institution.

Kamel Al-Faqih a même ordonné à la municipalité de le consulter avant de prendre toute décision de démolition. Il est clair que Kamel al-Faqih cherche à soumettre la municipalité à ses ordres. Il a également accusé la municipalité de Tunis d’entrave à l’intérêt public et de sabotage. Il estimait que la municipalité de Tunis était devenue un obstacle pour les autorités régionales et centrales. Essaie-t-il de dire qu’il faut se débarrasser de la municipalité de Tunis ? Cette structure est-elle considérée comme inutile et improductive ? En outre, le gouverneur peut procéder à la dissolution du conseil municipal, conformément aux dispositions de l’article 204 de la loi sur les collectivités locales. Il lui suffit de faire un rapport au ministère de l’Intérieur qui est également responsable des autorités locales. Il peut même suspendre l’activité de la commune et se substituer à cette institution pour accomplir une certaine tâche en cas de refus de la commune conformément à l’article 268 de la même loi.