Les fourberies de Kaïs
Après deux jours de silence, deux personnalités du Comité consultatif national de la Nouvelle République, mandatées par le chef de l’Etat, Kais Saied, ont finalement fait leur apparition pour rédiger une nouvelle constitution.
Nous avons reçu une visite médiatique de deux heures d’Amin Mahfouz et une lettre jointe à la copie que Zadok Belaid a présentée au chef de l’État. Les deux se sont rendus au tableau pour dénoncer et critiquer les amendements apportés par le chef de l’État au projet qui lui a été remis le 20 juin 2022. Ils ont souligné que la version publiée le 30 juin 2022 et son objet du référendum n’a rien à voir avec ça. C’est surprenant comme ça ? Qu’attendaient-ils d’un président qui a tout fait pour monopoliser le pouvoir et imposer coûte que coûte la mise en œuvre de son projet politique personnel ?
Le chef de la coordination de la commission, Sadiq Belaid, a déclaré dans le message publié par le journal Al-Sabah, qu’il est de son devoir de mettre à jour la vérité. Il a estimé que le texte publié par le président de la République comporte plusieurs risques. J’ai complètement renié ce projet. Zadok Belaïd réalise-t-il enfin la vraie nature du président de la République ? Il semble que le chef de la commission n’était ni inquiet ni gêné d’engager un processus basé sur l’exclusion des opposants politiques ou des accusations et théories du complot qu’ils soulèvent souvent. Il a certainement été aveuglé par les discours du chef de l’Etat, qui invoquaient l’intention de libérer le peuple des griffes des ténèbres, de la perversion et de l’injustice. Ce dernier ne manquait pas une occasion d’affirmer qu’il ne craignait qu’une chose : la colère de Dieu et le Jour de la Résurrection. Qais Said a toujours essayé de se présenter comme un pur être noble ! En s’adressant à ses adversaires, il a fait écho à des versets coraniques qui parlent d’infidèles et d’hérétiques.
Bien sûr, rien de tout cela n’était vrai. Le chef de l’Etat a redoublé de trahison au point qu’on l’a comparé à un personnage de Game of Thrones. Il a manipulé tout le monde pour arriver à son véritable objectif : la prise complète du pouvoir, mais dans un cadre plus légitime, qui est l’adoption d’une nouvelle constitution. Alors il a entamé un faux dialogue national et jeté tout ce qui sortait par la fenêtre.
Zadok Belaid et Amin Mahfouz se sont trouvés contraints de répondre à l’affaire. Certains les ont accusés de proposer une constitution qui choisirait un régime présidentiel autoritaire. Après avoir encouragé ce dernier dans son pouvoir et dans ses manœuvres politiques, Belaid et Mahfouz se retrouvent cette fois dans le collimateur du chef de l’Etat et de ses partisans. Le premier les a trahis, et le second n’a pas manqué de les rabaisser en leur rappelant que leur rôle n’est que consultatif, et qu’ils n’ont pas à contester les décisions du président.
Belaïd et Mahfouz ne sont pas les premières victimes de cette entité colérique et destructrice. Le chef de l’Etat et sa cyber milice n’en sont pas à leur coup d’essai. N’oublions pas que le président de la République avait rassemblé des opposants politiques au cours de l’année écoulée. Beaucoup d’entre eux ont émigré du clan des révolutionnaires et de leur soutien inconditionnel à la discorde, à la peur et à la méfiance. Attiar et Afaq Tunis, par exemple, ont salué l’annonce des mesures du 25 juillet 2021 et les ont considérées comme un mal nécessaire. Ils ont également appelé à l’initiation d’un processus inclusif basé sur le dialogue. Le chef, après tout, ne veut rien savoir de tout cela. Il a trahi leur confiance et a continué à publier des décrets, à annoncer les décisions des parapluies et à renforcer son monopole sur le pouvoir. Ce dernier a fait l’objet d’une campagne de harcèlement et d’incitation de la part de certaines personnalités se réclamant proches du chef de l’Etat mais aussi de la Présidence de la République. Qais Said a encouragé cela par ses déclarations hostiles et agressives.
Le chef de l’Etat a trahi les institutions étatiques en les démantelant une à une. Il avait progressivement stoppé l’activité parlementaire, fermé certains organes comme la Commission anti-corruption et pillé les pouvoirs du Conseil judiciaire intérimaire. N’a-t-il pas trahi cette institution en lui confisquant unilatéralement ses pouvoirs ?
Malheureusement, Amin Mahfouz et de nombreuses personnalités publiques ont réalisé la plaisanterie trop tard.