Campagne référendaire : les cancres de l’expression directe

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Campagne référendaire

Dans le cadre de la drôle de campagne référendaire, la télévision nationale a commencé à diffuser des discours en direct des participants à la campagne référendaire. La Haute Commission électorale indépendante (Isie) a publié une liste des personnes, partis politiques et organisations qui ont le droit de s’exprimer publiquement sur le nouveau projet de constitution. Pour cela, il fallait s’inscrire à l’ISIE et obtenir l’autorisation de participer à la campagne avant même la publication du projet soumis au référendum. Le projet modifié est également au milieu de la campagne.

Il est clair que la première partie des séances d’expression en direct a été à la hauteur des attentes des Tunisiens, non pas en termes de messages politiques, mais comme un produit comique contenant des déclarations plus ridicules et dérisoires les unes que les autres. C’est ainsi que nous avons traité les discours faisant l’éloge du chef de l’Etat, Kais Saied.

La star de ces séances était Suhail Al-Nimri, qui a tenté d’exprimer son attachement à la patrie et sa profonde dévotion. Cependant, il s’est entrelacé et a lancé le slogan “Pas de loyauté envers la patrie”. Il a même répété cette phrase avec enthousiasme, pensant tenir un discours digne de ceux prononcés par Winston Churchill ou Charles de Gaulle pendant la Seconde Guerre mondiale.

Safiya Talili, porte-parole du Mouvement national de la jeunesse tunisienne, sur un ton rappelant les sermons de propagande, a osé envoyer une note : “Grâce à la sagesse d’un avocat avisé et à un sens de spécialiste”, en référence à Raïs. Elle a brouillé, rapidement et machinalement, des centaines de mots pour empêcher tout spectateur de retenir la moindre information.

Après cela, Moncef El-Wahishi a évoqué les conspirations ourdies par les partis politiques maçonniques, extrémistes, fascistes et autoritaires qui ont régné au cours de la dernière décennie. Le regretté Béji Caïd Essebsi pourrait-il faire partie d’un complot maçonnique ? Muhammad Al-Nasir est un fasciste. On allait l’appeler Double M (Muhammad Mussolini) ? C’est probablement juste un tas de termes qu’il n’a pas compris et qu’il a appris par cœur pour le crier dans la fonction publique. D’ailleurs, quoi de mieux qu’une lettre avertissant des complots maçonniques pour motiver ses forces. Susciter un sentiment de peur et de colère contre un ennemi inconnu qui peut tout faire est certainement la meilleure arme de communication…

La plupart des participants à ces séances n’ont récité que des extraits des nombreux discours ennuyeux du chef de l’État, Kais Saied. Près d’une heure de “traîtres”, “vente en gros”, “élites politiques corrompues” ou “lois sur mesure”.

Il y avait même un « oui à la tyrannie ». Edraak Mustafa Al-Thawadi à participer à la campagne en tant que personne physique. “Oui à la tyrannie, car le peuple tunisien n’a pas peur de la démocratie”, a-t-il déclaré, sans balancer d’assurance. Une phrase qui peut faire saigner du nez et des yeux Platon, Diderot ou Cicek. Il a indiqué que la constitution consacre le principe de la décentralisation malgré l’omission totale des dispositions relatives à ce principe mentionnées dans la constitution de 2014.