Kaïs Saïed s’entête
Des mesures exceptionnelles, un gel du Parlement puis sa dissolution, de nouvelles nominations à l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE), une nouvelle constitution, la révision de la loi électorale et d’autres mesures parapluies qui affectent même la liberté d’expression ! Tous les ingrédients étaient réunis pour organiser l’un des plus grands festivals de l’histoire de la Tunisie. Le prix. Après s’être aliéné la quasi-totalité des amis et partenaires de la Tunisie, le président a progressivement commencé à perdre des appuis au sein de la classe politique et des composantes de la société civile.
Presque tous les partis politiques, associations et organisations nationales ont mis en garde contre la révision de la loi électorale après qu’elle ait remplacé le vote proportionnel plurinominal par le vote individuel à deux tours.
Les critiques portaient principalement sur les atteintes que cette procédure représente aux acquis des femmes et des jeunes, et son opposition au principe d’égalité et de représentation des femmes dans les conseils élus. Le nombre de dossiers déposés à l’ISIE n’a fait que confirmer ce constat puisque seules une centaine de femmes figuraient parmi les 1 055 candidates aux élections législatives du 17 décembre 2022.
Nous découvrirons, plus tard, que l’effet ne s’est pas limité à quelques femmes candidates, mais le taux de participation approchait du ridicule. Seuls 8,8% des neuf millions d’électeurs, selon les premiers résultats annoncés par l’ISIE, se sont exprimés lors de ce scrutin. Le chef de l’autorité, Farouk Bouaskar, a annoncé lors d’une conférence de presse le 17 décembre 2022 qu’environ 803 638 citoyens avaient choisi d’exercer leur droit de vote. Une participation qui devrait être proche de la comédie à l’occasion de la tenue d’un second tour prévu début 2023. Puis, 48 heures plus tard, ce nombre a miraculeusement atteint la barre du million d’électeurs (11,2 %) pour être exact). Mais c’est toujours le taux d’engagement le plus bas.