Diplomatie
Le nouveau secrétaire d’État a plusieurs dossiers sur son bureau. D’une crise diplomatique imminente avec l’Algérie à pourvoir les postes vacants de chancelier, Nabil Ammar a du pain sur la planche. Il doit avant tout trouver les mots justes pour donner une bonne image d’un pays qui vit sous la dictature d’un président atypique.
Pour une fois, le président Kais Saied a choisi la taille pour le poste de ministre des Affaires étrangères. Nabil Ammar, selon sa biographie, n’est pas seulement un diplomate professionnel, mais il appartient à une famille d’hommes qui ont beaucoup donné à la Tunisie. Son père est Abdel Hamid Ammar, ancien directeur exécutif du Parti socialiste constitutionnel, ancien directeur au ministère de la Jeunesse et des Sports et ancien ambassadeur à Dakar, Moscou, Damas et Le Caire. Son frère est Habib Ammar, ancien directeur général de l’ONTT, ancien ministre du tourisme et ancien ministre de la culture. Son autre frère est Khalil Ammar, l’ancien PDG de BFMPE.
Si son père et ses frères ont une excellente réputation, il n’en est pas de même pour l’ancien ambassadeur à Bruxelles qui, malgré son immunité, doit faire face à une plainte pour harcèlement déposée par son ancienne assistante, Iman Salem. La présomption d’innocence prévaut et le nouveau ministre s’est déclaré désintéressé de l’affaire, mais malgré tout, ce grief est important.
Nabil Ammar n’entretenait pas de bonnes relations avec son ex-ministre, Othman al-Jarandi, qui a été expulsé. Ce dernier ne l’a même pas pris au téléphone ces derniers temps, à en croire des bruits dans les couloirs du ministère.
En revanche, il était très apprécié de certains de ses collègues, notamment les syndicalistes de la maison qui ont applaudi des deux mains et publié, en un temps record, un communiqué saluant son heureuse nomination à la tête du ministère.
Dans ses nouvelles fonctions, Nabil Ammar doit faire face à une montagne de dossiers laissés en suspens par Osman Al-Jarandi. S’il n’est pas censé fournir beaucoup d’efforts pour faire un meilleur travail que son prédécesseur, l’un des pires du poste, le nouveau ministre doit être herculéen s’il veut rechercher la vraie performance.
Une fois sur place, il doit gérer une crise diplomatique non déclarée avec l’Algérie voisine. Cela a déjà commencé, puisqu’il a eu son premier entretien téléphonique avec son homologue algérien, Ramtane Lamamra. L’Algérie sera en colère à cause de l’histoire de l’opposante franco-algérienne, Amira Bouraoui, réfugiée en Tunisie. Les Algériens voulaient qu’elle leur soit remise, mais il semble que la pression diplomatique française ait poussé Kais Saied à l’autoriser à se rendre en France lundi dernier. La réaction de l’Algérie ne s’est pas fait attendre, puisqu’elle a rappelé mercredi son ambassadeur à Paris, accusant les Français d’avoir fait passer la femme d’Algérie en Tunisie.
Si les Algériens ne disent rien sur la Tunisie, sur cette question, alors les choses s’annoncent compliquées sur le terrain. Selon des témoignages à la frontière algéro-tunisienne, des individus arrivant sur le sol tunisien depuis l’Algérie aux points de passage frontaliers de Jalil de Gardimou, Babouche din Drahem et Meloula de Tabarka ont été empêchés de ramener avec eux des marchandises algériennes. Le représentant Zuhair Makhlouf, pour sa part, indique que des centaines de familles seront interdites à la frontière, car seules les personnes sans marchandises seront autorisées à passer.