En chiffres
La situation des entreprises publiques tunisiennes est dangereuse et des réformes doivent être engagées au plus vite pour les sauver compte tenu de leur importance capitaliste dans l’économie du pays, souvent en position dominante et souvent monopolistique.
Depuis mars 2021, le Fonds monétaire international alerte les autorités tunisiennes. Dans le cadre de la mission, le FMI a révélé qu’une partie importante de ces entreprises fonctionnent à perte et nécessitent des transferts et des injections d’argent réguliers, représentant 7 à 8 % du PIB annuel. Ces entreprises sont également très endettées et les experts de la mission ont estimé la dette à 40 % du PIB. Un rapport joint à la loi de finances 2022 sur les établissements publics illustre ce fait.
Pour ce rapport, un échantillon de cinquante entreprises a été sélectionné. Parmi elles, des caisses sociales dont la situation est encore chaotique, même si à première vue on a l’impression que la position de la Caisse nationale de retraite et de prévoyance sociale (CNRPS) est meilleure que celle de la Caisse nationale de prévoyance sociale (CNSS). Il en va de même pour la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam).
En effet, le déficit de la CNSS est passé de 530 millions de dinars en 2018 à 1,07 milliard de dinars en 2020, avec une aide gouvernementale et de solidarité sociale d’un montant de 40 millions de dinars. Ses dettes sont passées de 1,71 milliard de dinars à 3,36 milliards de dinars pour cette période.
De son côté, le déficit du programme est passé de 787,4 millions de dinars en 2018 à 190,8 millions de dinars en 2020, avec le développement des aides de l’Etat et des participations de solidarité sociale de 200 millions de dinars à 460 millions de dinars. La dette est passée de 2,69 milliards de dinars à 3,56 milliards de dinars pour la même période.
De son côté, la Cnam a enregistré une hausse de ses bénéfices passant de 574,1 millions de dinars en 2018 à 704 millions en 2020, les aides de l’Etat et les participations de solidarité sociale passant de 8,7 millions de dinars à 6,8 millions de dinars. En revanche, la dette est passée de 1,81 milliard de dinars à 2,44 milliards de dinars.
Autre aberration Alors que l’Etat détient le monopole du pays, le Conseil national du tabac et du soufre (RNTA) et la Tabacerie de Kairouan peinent à s’endetter lourdement. Ils ont atteint respectivement 6,9 millions et 1,4 million en 2020, contre un déficit de 49,5 millions et 47,8 millions en 2018. La dette s’est élevée à 645,7 millions et 217,5 millions, respectivement, contre 535,76 millions et 271,8 millions en 2018.
Le déficit cumulé reporté de la RNTA est passé de 298,2 millions en 2018 à 403 millions en 2020. Le déficit cumulé de l’usine Tabac de Kairouan est passé de 175 millions en 2018 à 260,8 millions en 2020.
La situation des transporteurs est loin de s’améliorer, notamment avec la propagation de la pandémie et ses répercussions.
Quant à Tunisair, le déficit est passé de 225,8 millions de dinars en 2018 à 336,7 millions de dinars en 2020. Le déficit cumulé est passé de 927 millions de dinars à 1,28 milliard de dinars pour la dette qui est passée de 1,95 milliard de dinars à 2,14 milliards de dinars.
La Compagnie tunisienne de navigation (CTN) a enregistré un déficit de 224,6 millions en 2020, contre un bénéfice de 45,3 millions en 2018. La dette est passée de 380,1 millions à 497 millions pour cette période.
Quant à la Société des transports de Tunis (Transto), le déficit est passé de 192,4 millions de dinars en 2018 à 218,8 millions de dinars en 2020, avec un déficit cumulé reporté de 1,23 milliard de dinars pour 2018. La dette oscille entre 981 millions de dinars et 1,31 milliard de dinars. durant la même période.
La Société nationale des chemins de fer tunisiens (SNCFT) a enregistré un déficit de 103,6 millions de dinars en 2020, contre 91,1 millions de dinars en 2018. Son déficit cumulé est passé de 577,4 millions de dinars en 2018 à 788,3 millions de dinars en 2020. Sa dette est passée de 1,21 milliard de dinars en 2018. 1,48 milliards de dinars pour l’année 2019 (les chiffres de 2020 n’ont pas été relevés).
Dans ce rapport, on découvre que l’endettement des établissements publics de l’Etat a augmenté de 17,4% entre 2018 et 2019 et de 8,2% entre 2019 et 2020, atteignant 6,52 milliards de dinars en 2020.
Cette augmentation est principalement due, selon le rapport, à trois entreprises publiques en particulier, qui représentent 71% de l’augmentation enregistrée entre 2019 et 2020 : CNRPS avec 179,9 millions de dinars, Transto avec 107 millions de dinars, Tunisair avec 63,9 millions de dinars.
Malgré ce chaos, certaines de ces entreprises représentent une aubaine pour l’État en termes d’importations, de taxes et de redevances, en plus de celles qui participent au trésor public à travers