Quelles conséquences aux arrestations politiques

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Quelles conséquences

Quelles conséquences

Après un calme relatif, l’incarcération de personnalités politiques a repris cette semaine avec l’arrestation de sept islamistes, dont le grand leader Rashid Ghannouchi. Presque toutes les personnalités majeures des médias d’opposition sont actuellement en prison.

Malgré la popularité de cette politique répressive de Kais Saied, elle a des limites et des conséquences.

Kais Said le goûte. Il est même joyeux. Les réactions à l’arrestation de Rached Ghannouchi le lundi 17 avril ont dépassé ses attentes. Partout sur les réseaux sociaux, on l’applaudit et l’applaudissons pour avoir enfin osé arrêter le chef d’Ennahda. Devant la maison de ce dernier, certains sont allés sonner du cor. Même la fille du martyr Mohamed Brahmi est allée pousser quatorze bateaux, soit le nombre de balles que son défunt père a reçues le 25 juillet 2013.

Nul doute que les sondages d’opinion l’ont toujours confirmé, Rashid Ghannouchi est la personnalité politique détestée en Tunisie. Il est accablé, non sans raison, de tous les maux du pays. Le voir en prison est, pour beaucoup, justice et contrecoup.

Sauf qu’ici, la décision de l’arrêter a beau être banale (en apparence), il y a fort à parier qu’elle sera problématique pour Kais Said qui a le don de ne pas savoir calculer les conséquences de ses actes et propos. Il l’a montré maintes et maintes fois, même pour des décisions banales.

Après son coup d’État du 25 juillet 2021, il a mis des mois à former un gouvernement et à élaborer une feuille de route. Il limoge les hauts fonctionnaires de l’Etat, sans nommer de successeurs. Il ordonne les raids des soi-disant spéculateurs sans se soucier au préalable de l’impact négatif sur l’ensemble du circuit de la distribution, de l’entreposage et de l’inflation. Il prononce des propos jugés racistes sans anticiper leur poids national et international. Il semble clair que Kais Said n’a jamais joué aux échecs et ne connaît pas grand-chose à la science politique.

“Le jugement est une attente ; et en 1852, le journaliste et homme politique français Émile de Girardin écrivait dans World Politics que ne rien attendre, c’était fuir vers la perte. Un auteur incontestablement anonyme pour le président tunisien qui poursuit sa politique d’oppression sans se soucier du lendemain.”

L’arrestation de Rashid Ghannouchi n’est qu’un épisode de plus d’une longue série répressive qui a commencé au lendemain du coup d’État. Au départ, il a ordonné des interdictions de voyager et des assignations à résidence. Et il a été contraint, au bout de quelques semaines, de toutes les déposer sans aucune action en justice et, surtout, sans aucune explication.

Fin 2021, il change de tactique, préférant les arrestations. Mahdi Bin Gharbia, Ahmed Samawi, Samir Al-Tayeb, Noureddine Buhairi et bien d’autres en ont payé le prix. Au bout de quelques mois, il s’est avéré que les dossiers étaient vides et les juges se sont retrouvés contraints d’ordonner leur libération. A l’exception de M. Ben Gharbia, détenu depuis octobre 2021. Quant au juge qui a instruit son dossier, qui s’est soldé par sa vacance, il a été limogé.

Commentant l’acquittement de l’ancien ministre Fadel Abdel Kafi (après un long procès), Qais Saeed a déclaré : “Malheureusement, la justice l’a acquitté”.