Loi de Finances 2023
Face à la crise économique et sociale, il semble que le gouvernement de Naglaa Boden ait cumulé les échecs. En plus d’avoir provoqué la colère des citoyens tunisiens et de l’opposition, l’équipe de Mme Boden a été critiquée par les partisans du président Kais Saied.
Tout le monde semble s’accorder sur l’incapacité du gouvernement à gérer la crise économique et sociale et sur l’urgence d’engager un remaniement ministériel. Même l’annonce, le 15 octobre 2022, de la conclusion d’un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) ne semble pas suffisante pour apaiser les tensions, surtout en l’absence d’informations à ce sujet et sur les éventuelles mesures évoquées, non. De la part du gouvernement, mais des responsables du FMI. La seule information relative à cet accord n’est qu’une partie des réformes introduites par la loi de finances 2023 (LF 2023).
Ainsi, ce texte représentera, selon certains, l’épreuve ultime pour le gouvernement tunisien : fais-le ou casse-le ! Malheureusement, les débuts de cet événement ne sont pas très glorieux car l’équipe de Bouden refuse de communiquer à ce sujet. Les discussions et les échanges se sont jusqu’à présent concentrés sur les fuites. Business News a pu obtenir une copie d’un document divulgué contenant les principales dispositions du projet LF 2023. Il fait dix pages avec 42 mesures. Les propositions concernent plusieurs secteurs et rubriques tels que l’agriculture, la fiscalité, la contrebande, et même les Tunisiens vivant à l’étranger.
Le document en question touche à l’un des secteurs les plus controversés de ces derniers temps. Le projet LF 2023 augmente le soutien aux agriculteurs, mais pas à tous. Le paragraphe pertinent parle de la petite agriculture et des subventions dans le cadre de l’autosuffisance céréalière. L’Etat couvrira la différence entre le taux d’intérêt des prêts accordés pour les cultures arables et le taux d’intérêt du marché monétaire, mais dans la limite de 3 %. Cette procédure pose plusieurs problèmes, notamment la définition du terme « petit agriculteur ». Les critiques portent également sur la capacité de ces petits agriculteurs à mettre en œuvre des projets de grandes cultures.
Quant à l’impôt sur la fortune qui a fait l’objet de nombreuses suppositions et hypothèses, le projet de loi LF 2023 en parle comme d’un impôt foncier commun. Elle sera appliquée à chaque mois de janvier de chaque année et selon la valeur des marchandises à la date du 31 décembre de l’année précédente. La taxe s’applique aux personnes physiques. Il est égal à 0,5% de la valeur liquidative supérieure ou égale à trois millions de dinars.
Autre suggestion : une révision à la hausse des cotisations sociales des entreprises afin de renforcer la stabilité financière des fonds sociaux. Le document mentionne une contribution de 3% pour les sociétés assujetties à l’impôt sur les sociétés au taux de 35% et une contribution de 2% pour les sociétés assujetties à l’impôt sur les sociétés au taux inférieur à 35%. Dans le même paragraphe, la valeur minimale d’apport a été révisée à l’équivalent de 500 dinars au lieu de 300 dinars pour les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés au taux de 35%. Pour les sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés de 15% ou 20% ou exonérées, le montant minimum à payer devrait être de 400 dinars au lieu de 200 dinars. Les sociétés soumises à un impôt sur les sociétés de 10% sont assujetties à une contribution minimale de 200 dinars. A noter que la page suivante indique la suppression progressive de la catégorie des sociétés soumises à l’impôt sur les sociétés de 10 %.
En matière fiscale, le projet mentionne la simplification du système fiscal en réduisant progressivement le nombre de taux de TVA appliqués et en les limitant à deux taux, 13% et 19%. L’exonération de la TVA sera supprimée pour les opérations d’importation et de vente d’équipements et de matériels pour les activités sportives, éducatives et sociales réalisées par le ministère des sports et des sports, les établissements éducatifs et sociaux, les institutions affiliées et les structures telles que les fédérations et les clubs sportifs. Exonération de la taxe sur la valeur ajoutée pour les exploitations et usages professionnels et agricoles effectués par des personnes physiques non assujetties à la taxe sur la valeur ajoutée dans le cadre du régime réel. La même source indique que le gouvernement propose d’élargir de 35% la liste des entreprises assujetties à l’impôt sur les sociétés. Cela touchera les sociétés spécialisées dans la microfinance sous forme de sociétés anonymes. Elles seront soumises au même régime fiscal que les banques. Le projet fait référence à l’unification des taux de TVA applicables au secteur des technologies de l’information.