Dans les rayons d’un supermarché
La situation économique en Tunisie s’aggrave et ce qui devait être une petite crise passagère en raison du soulèvement populaire il y a plus de dix ans est devenu le quotidien des Tunisiens. La pénurie de produits alimentaires s’est peu à peu stabilisée au fil des années pour se transformer en véritable pénurie en 2022. Pétrole, sucre, farine, café, produits laitiers ou riz : tout le monde essaie de s’en procurer, mais en vain ! La carence a même touché les boissons gazeuses. Faire du shopping, c’est comme se lancer à la recherche d’un véritable trésor. Il faut visiter plusieurs endroits, s’aventurer dans les rayons et faire preuve d’esprit et de patience.
Ainsi, dans la priorité de cette entreprise, il y a le café. Les Tunisiens, grands consommateurs de ce produit, ont été choqués d’apprendre que la carence leur coûterait ce petit plaisir matinal. En réponse, les familles se sont organisées comme une escouade des forces spéciales ou une équipe de paintball. De véritables stratégies de coloration du bol sacré ont été élaborées entre ses mains. Armés de leurs téléphones portables, ils se sont étalés sur des dizaines de kilomètres pour sillonner trois ou quatre supermarchés en attendant que quelqu’un en trouve.
Pour la suite du petit-déjeuner, ceux qui auront l’astuce de faire le plein de biscuits ou autres douceurs seront heureux et chanceux. Le manque de sucre a entravé l’industrie du biscuit. En effet, plusieurs sources ont confirmé la fermeture des usines d’une grande marque en raison de l’impossibilité de poursuivre la production. Les rayons des supermarchés sont donc à moitié vides.
Les produits laitiers ont également souffert des conséquences de la crise économique. La raison principale est la perturbation observée de la production de lait. La crise économique qui sévit depuis plusieurs années a été exacerbée par les prix élevés des aliments pour animaux. De plus, l’État n’a pas honoré son obligation envers les producteurs. Pendant plusieurs mois, elle n’a pas versé à ce dernier l’indemnité convenue.
Le rayon des yaourts, par exemple, est maintenant à moitié vide. Certains produits sont considérés comme des produits de luxe. Vous devrez renoncer à votre marque préférée ou à l’idée de déguster un yaourt avec de la chantilly ou une mini mousse au chocolat. Acheter du yaourt de nos jours, c’est se contenter de ce qui est disponible, bien sûr, si vous avez la chance d’en trouver. Il en va de même pour le beurre.
Pendant ce temps, l’eau minérale a totalement disparu des rayons. On trouve, là où étaient entreposées des centaines de bouteilles d’eau, un simple papier informant les clients qu’il est interdit d’acheter plus d’une dizaine de bouteilles. À côté de cette feuille se trouvent quelques petites bouteilles d’eau gazeuse.
Quant aux huiles végétales, il n’y a que des produits riches dont on ne sait plus quelle vitamine ou quelle molécule. Des huiles végétales luxueuses ! Le produit standard n’est plus disponible. Idem pour du riz ou de la semoule. Les Tunisiens se sont donc retrouvés à devoir sacrifier des plats faute d’ingrédients.